Leto, drame russe de Kirill Serebrennikov, Russie, 2018, 2h06. Vu au cinéma Les 3 Luxembourg à Paris, le 12 janvier 2019.
On est plongé dans le saint-Pétersbourg des années 80, qui s'appelait encore Leningrad, avec ses immeubles aux cours intérieures vétustes et non entretenues, voire presque en ruine, et par où s'infiltraient des jeunes venant écouter des groupes de rock sans passer par le filtre des gardes qui limitaient le nombre d'entrées aux portes de l'unique salle de concert de ce genre. Ces groupes de rock des années 80 veulent être originaux dans leur musique, dans leurs paroles passées au crible de la commission de surveillance du Parti, dont on voit les représentants, en l'occurence une femme blonde qui essaie d'apprécier les textes, de les discuter sans rien y comprendre. Dans la salle de concert, aucun des jeunes ne devait bouger, ni crier au risque de se faire virer. Tous devaient avoir un comportement lié aux instructions que les membres du Parti étaient chargés de faire respecter. Mais, c'était l'été, et ces jeunes au-delà des concerts, vont se baigner sur la plage, boire et fumer, rêver aussi de musique et de concerts, déconner dans la plus pure tradition de la jeunesse, se baigner nu, etc. En même temps, ils ont des attitudes assez respectueuses. Ils vivent tous dans des appartements communautaires où la promiscuité rend parfois de services, comme celui de garder les enfants des jeunes, notamment de Mike marié à Natacha, chanteur et guitariste d'un groupe le plus en vue. On assiste donc à des concerts qui entraînent des visions psychédéliques. D'autres jeunes arrivent, notamment un certain Viktor pour lequel Natacha semble avoir du désir, mais qui arrive lui aussi à passer en concert avec ses propres chansons. Tous connaissent les rockers américains et anglais et rêvent de liberté. A voir absolument.
C'est une vision de cette Russie où les jeunes sont conditionnés, tous autant les uns que les autres travaillent pour gagner leur vie, et pouvant être gardien d'usine, ou ébéniste comme Viktor, d'autres soudeur en usine, etc. Le metteur en scène a réussi à faire passer son film en compétition au festival de Cannes en 2018, alors que lui était retenu en Russie, assigné à résidence pour avoir détourné des fonds publics.