Foxtrot, drame israëlien de Samuel Maoz, 2017, 1h48.

Quand des soldats se présentent à la porte d'une maison en Israël, c'est pour annoncer que le fils est mort au combat ou par accident dans l'armée. C'est ce qui se passe au début du film. La mère qui ouvre la porte en tombe par terre frappée par une crise qui est aussitôt réglée par l'un des soldats qui est médecin et lui injecte par piqûre un calmant. Tout est prévu en cas de crise. Le père réagit plus tardivement mais avec autant de force. Une fois le deuil enclenché, le père exige de voir son fils que personne ne veut lui montrer. Puis arrive la nouvelle : ce n'était pas votre fils, il y avait deux Jonathan Feldman, le vôtre est vivant, à un poste de la ligne de démarcation au nord du pays. C'est à la fois insupportable et à la fois étonnant de la part de Tsahal. Et enfin, on voit les soldats à ce poste de surveillance. L'un est sur un vieux canapé déchiré, l'autre est à un poste tenant une mitrailleuse, sous un parapluie.  Il fait nuit, et le poste est signalé par quelques ampoules fadasses et une barrière qui se lève pour laisser passer ceux qui sont reconnus comme non recherchés par les forces de l'ordre. Ensuite, la relève de la garde. Les jeunes gens traversent une flaque de boue pour rejoindre soit le poste de garde, soit ce qui leur sert de refuge pour dormir, manger, etc. Rien de bien propre, plutôt dégueulasse en termes d'hygiène. Les soldats mesurent le degré d'enfoncement de leur refuge en faisant rouler une cannette de coca cola et de jour en jour, ils mesurent leur situation absurde d'enfoncement dans la boue. Là, un soldat leur montre les pas de foxtrot. Un autre dessine, un autre fait de la soudure, un autre est à la radio. Tout cela paraît amusant, ce sont des jeunes qui ont entre 18 et 20 ans, mais qui sont capables de bêtises et surtout sont animés par la peur d'être attaqués. Si bien que la surveillance du poste passe par des histoires à mourir de rire comme celle où un dromadaire demande le passage et où on lui remonte la barrière. Jusqu'ici, tout va bien. Le drame n'e'st pas loin.

Arrivent des Palestiniens en voiture, dans la nuit. L'un rapporte chez lui des jouets d'enfants. Son coffre est ouvert et le soldat lui substitue un robot. A chaque fois que quelqu'un se présente sur cette route, les passagers doivent sortir, qu'il pleuve ou non et attendre que leur statut soit défini par radio. Ainsi, des humiliations sont facilement pratiquées par les soldats qui jouent avec leur pouvoir sur ces populations qui ne demandent qu'à vivre en paix, en général, et dans ce contexte en particulier. Un couple, entre deux âges, rentre d'une soirée. ils doivent sortir de la voiture malgré la pluie battante et attendre longtemps pour enfin pouvoir partir. On sent l'humiliation profonde de la femme (elle était bien peignée, maquillée et en tenue de soirée) alors que l'homme lui fait signe de ne rien tenter, que ça ne sert à rien. Le sadisme des soldats n'est pas glorieux. Mais ils s'ennuient et on comprend l'ennui. Passe une voiture où 4 jeunes reviennent d'une soirée arrosée. Après la vérification de leurs papiers, ils peuvent repartir, sauf que l'un d'entre eux jette de la portière une cannette de coca, et un soldat crie : grenade !! Celui qui est à la mitraillette tire dans le tas, tue tous les passagers. La bavure est énorme mais quand arrive le commandant pour constater les dégâts, il les rassure et leur confirme qu'ils sont en guerre et que les bavures, ça existe. Arrivent alors des engins de dégagement du véhicule. Un énorme trou est creusé et la voiture et son contenu est jeté dedans, enseveli sous la terre du désert. On comprend que tout est possible et pardonné aux soldats qui vivent dans des conditions terribles, à leur âge. Entre temps, le père du soldat qui n'est pas mort fait rapatrier son fils. Ce garçon monte dans un camion qui est censé le ramener chez lui. Sauf que sur la route, le dromadaire leur barre la route et le conducteur du camion voulant l'éviter fait tomber l'équipage dans un fossé où ils meurent tous les deux. Décidemment, le garçon était voué à la mort.

Dans l'ensemble, le film fait rire, ce qui trompe beaucoup le spectateur, car derrière la jeunesse des garçons, il y a une réalité terrible et les critiques ne parlent pas assez les bavures. C'est aussi un film sur l'absurdité de cette armée permanente, mais nécessaire. Rien ne peut être changé pour le moment. Tsahal a montré sa force et sa détermination à protéger ses frontières. Le seul souci est que les soldats devraient être beaucoup plus encadrés.